Gainsbourg – Histoire de Melody Nelson

1971 – Phonogram (1 CD) – 7 titres – 28:11 min

  1. Melody
  2. Ballade de Melody Nelson
  3. Valse de Melody
  4. Ah ! Melody
  5. L’hôtel particulier
  6. En melody
  7. Cargo culte

Paroles et musiques : S. Gainsbourg; arrangements : J.C.Vannier.
Serge Gainsbourg (chant), Jane Birkin (chant).

Il y a des albums qu’il est difficile d’aborder de façon originale. « Cultes » ils le sont par l’influence qu’ils ont eue sur les artistes postérieurs, mais également par l’état d’esprit dans lequel ils ont été composés. « L’histoire de Melody Nelson » fait partie de ces albums, intouchables, vénérés, à juste titre. En 1971 Serge Gainsbourg vit avec Jane Birkin. Depuis peu il a fait l’achat d’une Rolls-Royce, concrétisant ainsi un de ses rêves, même s’il n’a pas son permis de conduire. L’achat de cette voiture et sa vie avec la jeune anglaise se mêlent dans sa tête et l’histoire de Melody Nelson peut débuter. Concept-album, le disque raconte l’histoire d’un homme qui au volant de sa Rolls renverse une jeune fille de quinze ans. Pas la peine de revenir sur l’attirance de Gainsbourg pour les Lolitas, le personnage de Melody est la réincarnation même du personnage de Nabokov. Jane Birkin campe le rôle, jusque sur la pochette où sa silhouette longiligne incarne parfaitement l’adolescence et la femme qui éclot. L’amour est inévitable entre le conducteur et la jeune fille, même s’il est tabou de par les années qui les séparent. A Paris Jane et Serge choquent de la même façon. Lui quarante ans et une réputation de pervers qui n’est plus à faire, elle la vingtaine mais déjà capable de sussurer le texte de « 69 année érotique », le couple est torride.

Mais plus encore que le récit de la relation (et sa fin, inévitable et tragique), la musique composée sur cet album va donner un coup de vieux à toute la musique française. Avec l’aide de Jean-Claude Vannier, qui s’occupe des arrangements et de la direction des cordes, Gainsbourg tire tous azimuts, osant à la fois les orchestrations symphoniques, les rythmiques funk, la poésie parlé (aujourd’hui on parlerait de spoken words ou même d’inspiration hip-hop), les choeurs, les samples provocants (« En Melody »), les guitares électriques et la pop anglaise. Moderne, le disque l’est toujours, la preuve Air, Beck et les Sonic Youth s’en sont inspiré. Vingt-huit minutes c’est court, mais c’était plus que suffisant pour Serge Gainsbourg pour redéfinir la pop pour de nombreuses années. C’est également un joyeux foutoir dont on n’est pas prêt de faire le tour et d’en avoir apprécié toute la saveur. A écouter et réécouter, on n’a toujours pas fait mieux depuis. (dimanche 25 juin 2006)

Il est bien difficile de choisir un album parmi l’impressionnante et originale discographie de Serge Gainsbourg. Toutefois, il est impossible de passer sous silence la fabuleuse « Histoire de Melody Nelson ». Sorti en 1971, l’album n’a pas fait un gros succès alors qu’il s’intégrait pleinement au contexte musical de l’époque, peut-être était-il trop en avance même ! Quoiqu’il en soit, la qualité des compositions fait que ce « Histoire de Melody Nelson » sonne parfaitement et n’a pas pris une ride. Comme à son habitude, Serge Gainsbourg joue sur la sonorité et le sens des mots en une espèce de prose décalée, rendue envoutante grâce à sa voix (encore épargnée !).

Musicalement, « Histoire de Melody Nelson » est une petite perle de rock psychédélique, tout en nuance et en intelligence. Les arrangements sont magnifiques, les mélodies très prenantes, et l’utilisation des cordes est excellente. « La ballade de Melody Nelson » est chantée en duo avec Jane Birkin mais c’est le titre « Melody » qui constitue à lui-seul un monument incontournable du rock français. Cet album reflète bien l’étendue du talent de Serge Gainsbourg qui atteint ici des sommets vertigineux… un véritable road-trip musical à (re)découvrir d’urgence !

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