Renaud – A la belle de mai

1994 – Virgin (1 CD) – 12 titres – 48:45 min

  1. La ballade de Willy Brouillard (Renaud Séchan)
  2. A la belle de Mai (Renaud Séchan)
  3. C’est quand qu’on va où ? (Renaud Séchan / Julien Clerc)
  4. Le sirop de la rue (Renaud Séchan / Julien Clerc)
  5. Devant les lavabos (Renaud Séchan)
  6. Cheveu blanc (Renaud Séchan / Mourad Malki)
  7. Le petit chat est mort (Renaud Séchan, Jean Louis Roques)
  8. Adios Zapata ! (Renaud Séchan)
  9. Son bleu (Renaud Séchan)
  10. Mon amoureux (Renaud Séchan / François Ovide)
  11. Lolito lolita (Renaud Séchan)
  12. La médaille (Renaud Séchan)

Onzième album pour Renaud, qui semble bel et bien en perte de vitesse. On retrouve les thèmes traditionnels cher au chanteur. La banlieue tout d’abord avec « La ballade de Willy Brouillard » qui raconte la vie quotidienne d’un policier. Pour une fois avec Renaud on a une autre vision de cette banlieue, dont il a pourtant déjà beaucoup parlé. Mais quel besoin de faire une chanson mélancolique mais réaliste pour tout gâcher à la fin ? Renaud a certes choisi son camp politique, mais de la à se demander si « on peut mettre de la musique sur la vie d’un flic » il y a un pas de trop à mon avis.

Le morceau titre de l’album « A la belle de mai » est beaucoup plus drôle, puisqu’il réunit les commentaires de Marseillais sur la venue de Bernard Tapie dans leur ville, son ascension (via le foot) et sa chute (via les affaires politico-financières).

Sur cet album, Renaud tourne souvent autour du thème de l’enfance et de l’âge. Dans « C’est quand qu’on va où ? », il fait une de fois de plus passer son message sur la société en se mettant à la place de sa fille, comme il l’avait fait sur « Marchand de cailloux ». Sur « Le sirop de la rue », comme sur « Les dimanche à la con », Renaud se rappelle ici ses jeux d’enfants. Avec « Cheveu blanc », Renaud se moque gentiment de son âge. De même dans « Mon amoureux », il fait parler sa fille, qui pourrait bientôt être amenée à lui présenter son ami. Le portrait d’un gendre parfait selon Renaud ne surprend guère et l’on retrouve toutes ses idées sur la société incarnées dans ce jeune homme.

Enfin dans « Adios Zapata ! » il se met à la place d’un enfant sud-américain. D’ailleurs sur ce titre, Renaud est bien gentil mais des fois il sort des âneries plus grosses que lui. Oser affirmer que les paysans d’Amérique du Sud produisent de la drogue sciemment pour anéantir les pays capitalistes de l’hémisphère Nord, c’est quand même très fort. Et mettre ses propos dans la bouche d’un enfant est du plus mauvais goût. Comme le refrain « Pour eux la mort, pour nous la samba », que je trouve affreux. La drogue n’est pas une arme politique au service d’une idéologie ou d’une autre, mais un fléau.

Renaud semble s’en moquer, mais dans « Mon amoureux » quand il décrit sons gendre idéal, il spécifie bien qu’il ne doit être accro qu’à sa fille et rien d’autre. Renaud doit encore apprendre qu’on ne doit pas souhaiter aux autres ce que l’on ne voudrait pas pour soi.

Avec « Devant les lavabos », Renaud nous refait le même coup qu’avec « Dans ton sac ». L’éternelle interrogation des hommes, mais que peuvent donc faire les femmes quand on ne les voit pas ? Le message est le même, le chanteur visiblement en manque d’inspiration et la voix se fait de plus en plus trainarde.

A part « Willy Brouillard » et « A la belle de Mai », seules deux autres chansons se démarquent du lot finalement. Tout d’abord « Le petit chat est mort » et sa jolie mélodie sur la valeur de la liberté. Enfin « La médaille » qui conclue l’album par un fort message anti-militariste. France Inter avait été attaqué en justice par l’Association de Soutien à L’Armée Française (ASAF) pour avoir diffusé cette chanson, mais s’en est tiré avec un non-lieu (c’était en effet au Ministère des Armées à attaquer la radio s’il le souhaitait, et non pas à une association).

Cet album passe bien en fond sonore, mais à la fin, on réalise qu’on en a rien retenu. Les paroles font encore sourire quelquefois, mais Renaud a perdu toute sa hargne. La musique, elle aussi, n’a plus rien d’entraînante. Elle n’est bien sur pas mauvaise, plus acoustique qu’auparavant, mais ça ne casse pas des briques. Renaud lui-même l’a remarqué, il se fait vieux, et hélas cela s’entend.

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