Renaud – Marchand de Cailloux

1991 – Virgin, VI 07777 866422 2 (1 CD) – 14 titres – 52:49 min

1/ Marchand de cailloux (Renaud Séchan)
2/ L’aquarium (Renaud Séchan / Jean-Pierre Bucolo)
3/ P’tit voleur (Renaud Séchan / Jean Louis Rocques)
4/ Olé (Renaud Séchan /Jean Pierre Bucolo)
5/ Les dimanches à la con (Renaud Séchan)
6/ Dans ton sac (Renaud Séchan / Mourad Malki)
7/ Le tango des élus (Renaud Séchan)
8/ La ballade nord-irlandaise (Renaud Séchan / Traditionnel / Arr : Pete Briquette)
9/ 500 connards sur la ligne de départ (Renaud Séchan / Renaud Detressan)
10/ Tonton (Renaud Séchan / Jean Louis Roques)
11/ Je cruel (Renaud Séchan / Jean Louis Rocques)
12/ C’est pas du pipeau (Renaud Séchan / Renaud Detressan-Thomas Noton)
13/ Ma chanson leur a pas plu (suite) (Renaud Séchan)
14/ Tant qu’il y aura des ombres (Renaud Séchan)

Enregistré à Londres du 10 janvier au 15 mars « pendant leur sale guerre ».

Dès la première écoute, on se rend compte que Renaud a décidé d’innover avec cet album. En effet il laisse de côté les titres rapides et incisifs, pour des mélodies tendres et fortement inspirées des musiques celtiques traditionnalles. Et le résultat est plus que mitigé. Certaines chansons laissent en effet à désirer au niveau purement musical. « Olé », « 500 connards sur la ligne de départ », « Je cruel », « Dans ton sac » souffrent par exemple de mélodies banales, que l’on oublie sitôt après les avoir écoutées. Pour « C’est pas du pipeau », le résultat est même pire que ça étant donné que la musique me fait toujours penser à une publicité pour une chaine de supermarchés….

Malgré ces défauts, l’album est intéressant. Il commence par la chanson éponyme, « Marchand de cailloux ». Cette complainte se veut naïve, telle la vision de la petite Lolita, désolée de voir la misère autour d’elle, aux informations à la télévision, bref partout. Et dès ce premier titre, la nouvelle orientation musicale se fait sentir, avec cette chanson bercée par une flûte et un violon. Une véritable réussite.

Ce nouveau style est aussi très présent et très réussi dans « La ballade nord-irlandaise », un texte pour la paix en Irlande, basé sur un joli thème celtique traditionnel, comme il y en a beaucoup sur cet album.

Avec « L’aquarium », Renaud revient vers un texte plus classique, qui dénonce entre autres méfaits la guerre du Golfe et l’intoxication journalistique que l’on a subi pendant cette période, véritable manipulation de la pensée. De même dans « Ptit Voleur » il fait passer un message traditionnel désormais chez lui, et s’attaque au fait que l’on punisse les délits mais que l’on ne soigne pas le malaise et la détresse des gens. Toujours dans la catégorie chanson politique, « Tonton » est un bel exemple de texte ambigu, moitié hommage à François Mitterand (que Renaud continue à considérer comme un grand homme) / moitié critique d’une gauche qui l’a déçu (cf « L’aquarium » pour « ces gauchos dev’nus des patrons bien gros »).

Renaud est toujours capable d’écrire des chansons drôles, et il le prouve. « Les dimanches à la con » qui dépeint la nostalgie de l’enfant qui s’ennuyait le dimanche, est assez amusant. Mais les éclats de rire sont francs sur « Le tango des élus », un résumé en quelques secondes du discours anarchiste de Renaud, dégouté par les politiques de tout bord. De même la suite de « Ma chanson leur a pas plu », même si elle n’a plus l’orginalité du premier texte présent sur « Morgane de toi », reste un bon moment, avec notamment un hommage à Jean-Jacques Goldman qui m’a toujours beaucoup amusé : « Je l’ai r’trouvé dans l’frigo, en train d’ convaincre un esquimau qu’y faut aimer son bâton, qu’ la vie n’est qu’un long glaçon ». A côté de ces textes divertissants, Renaud perd quelquefois son bon goût. Par exemple sur « Dans ton sac », il se parodie lui-même avec un « tintintin » lâché au milieu de ce morceau pourtant calme.

Cet album est au final assez mitigé, avec des mélodies inégales suivant les chansons, et des textes somme toute assez traditionnels chez Renaud, même si l’on note une certaine nostalgie de son enfance et de sa jeunesse. Renaud a maintenant 40 ans, et son essai louable de changer de style n’est pas entièrement concluant ici. L’écoute de ce disque me laisse comme une impression de vide, il ne me reste pas de mélodie entraînante en tête, ni de citations saignantes, alors que les albums précédents étaient très efficaces à ce niveau.

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