Renaud – Le retour de Gérard Lambert

1981 – Polydor, 823059-2 (1 CD)
11 titres – 42:37 min
1/ Banlieue rouge (Renaud Séchan)
2/ Manu (Renaud Séchan)
3/ Le retour de Gérard Lambert (Renaud Séchan)
4/ Le père Noël noir (Renaud Séchan)
5/ J’ai raté Télé Foot (Renaud Séchan)
6/ Oscar (Renaud Séchan)
7/ Mon Beauf (Renaud Séchan)
8/ La Blanche (Renaud Séchan)
9/ Soleil immonde (Renaud Séchan / Michel Colucci)
10/ Etudiant poil aux dents (Renaud Séchan)
11/ A quelle heure on arrive (Renaud Séchan)

En 1981 c’est reparti pour le septième album de Renaud (en comptant les deux lives « A Bobino » et « Le p’tit bal du samedi soir ») ! C’est tout de même fort en 6 ans. En tout cas Renaud a su trouver son style, qui finalement plait bien aux français et aux médias, ce qui n’était pas vraiment le cas à ses débuts. Mais cette album marque justement à mon avis la fin d’une ère pour Renaud, ou tout du moins la fin du style et du look « voyou de banlieue ». En effet Renaud est maintenant père d’une petite fille, et on sent qu’il est plus calme et plus posé que d’habitude. Dans « A quelle heure on arrive ? », il joue même avec ce changement en faisant de l’humour sur ses spectacles, qui attirent en principe toujours des loubards : « Y’a pourtant des rockys / Qu’ont dû avoir les boules / En m’voyant applaudi / Même par des babas cools ».

Alors bien sûr l’album met encore en scène Gérard Lambert et narre une fois de plus ses aventures violentes dans la région parisienne. Ce nouveau western épique et tout en ambiance raconte comment Gérard s’est perdu dans le bois de Boulogne au volant de sa Simca 1000. Tout un programme … Les aventures de Gérard Lambert deviendront même une BD sous le crayon de Jacques Armand.

Mais c’est quasiment la seule flambée de violence de cet album. Par exemple « Banlieue rouge » donne une vision moins drôle de la réalité de la banlieue du début des années 1980, de ces quartiers où rien ne bouge jamais et où vivent les « beaufs » de notre cher pays. Et Renaud en a un sympathique de « beauf », « imbécile et facho, mais heureusement, cocu ». Cette chanson restera un grand classique de Renaud, tout comme « J’ai raté Télé-Foot », où Renaud évoque pour la première fois son bébé (mais uniquement pour échanger sa bibine contre le biberon du poupon).

Renaud s’essaie aussi, et c’est nouveau, aux textes sérieux et non-violents. Ainsi « La Blanche » ou « Manu » se veulent des chansons donneuses de conseils, mais pas de leçons (comme Renaud le fait remarquer sur « La Blanche », vu ce qu’il fume il est mal placé pour en donner). Et le résultat est bien là, des chansons fines et qui font mouche.

« Soleil immonde », écrite en collaboration avec Coluche (parrain de Lolita), raconte la même histoire que « Manu », celle de l’amoureux abandonné par sa nana. La tournure des phrases est très spéciale, et très drôle : « Y’a plus personne qui m’aime plus », « L’Armée rouge a défilé dans ma tête / J’leur ai fait monter de l’aspirine ». Bref un texte très second degré et très bien écrit.

Enfin même sa voix a acquis de la maturité. Il suffit d’écouter « Oscar », « Manu » ou « Le père Noël noir » pour être enfin assuré que Renaud sait chanter. Mention spéciale au « Père Noël noir », qui me fait toujours autant rire. Bref encore un très bon album pour Renaud, même si c’est la fin d’une période pour le chanteur et si ses futurs enregistrements ne seront plus aussi « naïfs » et rentre-dedans, perdant peut-être un peu de leur fraîcheur.

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