L'écologie politique est un courant politique issu de la transformation de certains mouvements associatifs, prônant la protection de la nature, en partis politiques formulant un projet de société global.
Origine et essor
Apparus dans les années 1960, les mouvements écologistes se situent alors en dehors du système politique. Ils entendent principalement défendre la nature, prendre part à la lutte contre la pollution et se limitent à des actions ponctuelles au niveau local. Cependant, progressivement, à travers une prise de conscience de plus en plus globale de la rupture entre l’homme et son milieu naturel, due à la civilisation industrielle, se développe une critique politique du progrès économique qui remet en cause le productivisme et la société de consommation. De plus, la crise économique de 1974 et le premier choc pétrolier contribuent à l’essor des programmes de construction de centrales nucléaires, contre lesquels se battent les écologistes.
Dès lors, à la faveur des grandes mobilisations antinucléaires, les écologistes s’organisent et prennent part à des élections locales ou régionales pour tenter de faire appliquer leurs idées. En Allemagne, les Grünen (Verts) remportent quelques succès électoraux et font leur entrée au Parlement en 1983. Dans la plupart des pays européens, surtout en Scandinavie, des partis écologistes se créent, disposent de députés et forment un groupe parlementaire au Parlement européen. Dans le même temps, leur programme évolue et, aujourd’hui, vise à présenter des solutions globales pour réformer la société. Mais cela n’est pas sans entraîner des dissensions en leur sein entre les « fondamentalistes » et les « réalistes » qui, comme en Allemagne, se sont lancés dans une stratégie de conquête du pouvoir et sont prêts pour cela à s’allier avec les sociaux-démocrates, comme c’est déjà le cas dans plusieurs Länder. Leur progression électorale se voit cependant freinée par le fait que nombre des partis traditionnels, de gauche comme de droite, ont intégré dans leur programme, à partir du milieu des années 1980, un certain nombre des revendications écologistes.
Les partis écologistes en France
En France, le mouvement écologiste se compose à l’origine d’associations telles que les Amis de la terre, le Comité de la charte de la nature, la Société nationale pour la protection de la nature, sans aucune influence politique. De fait, il faut attendre l’élection présidentielle de 1974 et la candidature de René Dumont (1904-2001), pour que l’écologie fasse sa véritable entrée en politique.
Au lendemain de la candidature de Brice Lalonde à l’élection présidentielle de 1981, le premier parti écologiste, Les Verts, est fondé en 1984. Regroupant plusieurs petites formations, Les Verts tentent d’affirmer leur existence autonome, hors des clivages classiques, comme en témoigne leur slogan d’alors « ni gauche, ni droite ». La liste écologiste conduite par Antoine Waechter connaît un premier succès aux élections municipales, puis aux européennes, en recueillant à chaque fois 10 p. 100 environ des suffrages. Mais les premiers signes de désunion se font jour. En 1990, Brice Lalonde, ministre de l’Environnement dans le gouvernement Rocard, fonde Génération Écologie, qui se veut le défenseur d’une écologie plus pragmatique et ouverte à toutes les alliances politiques. Bien que divisés, les deux partis obtiennent près de 15 p. 100 des voix aux élections régionales, et pour la première fois, un membre des Verts, Marie-Christine Blandin, devient président de région dans le Nord-Pas-de-Calais.
Mais les divisions s’aggravent, tant entre les différentes personnalités qu’entre les stratégies à mettre en place. Cette division est sévèrement sanctionnée aux élections législatives de 1993, puis à l’élection présidentielle de 1995.
Les écologistes apparaissent aujourd’hui divisés en trois principaux partis : Génération Écologie de Brice Lalonde, le Mouvement écologiste indépendant, fondé par Antoine Waechter en 1994, dans l’esprit qui avait présidé à la création des Verts, à savoir un refus de toute alliance, quelle qu’elle soit avec la gauche ou la droite, et Les Verts, qui, sous l’impulsion de Dominique Voynet succédant à Antoine Waechter en 1993, ont intégré la majorité de gauche plurielle qui a remporté les élections législatives de juin 1997. Ayant 7 députés à l’Assemblée nationale et un ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire au gouvernement Jospin, en la personne de Dominique Voynet (juin 1997-juillet 2001) puis d’Yves Cochet, Les Verts s’efforcent d’infléchir la politique du Premier ministre dans une optique plus écologiste (arrêt du surgénérateur Superphénix) et moins productiviste (réduction du temps de travail), tout en intégrant à leur programme des revendications concernant les droits de la femme, la défense du tiers-monde ou des minorités culturelles. Leur candidat, Noël Mamère, recueille 5,25 p. 100 des voix lors du premier tour de l’élection présidentielle en avril 2002. Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement dans les deux gouvernements Juppé (1995-1997), représente également les couleurs de l’écologie politique, et obtient 1,88 p. 100 des voix. Lors des élections législatives au mois de juin suivant, les députés Verts conservent 3 sièges au sein de la nouvelle Assemblée nationale.