Renaud › A Bobino (le théâtre de la chanson et du rire) 1980
1980 – Polydor (1 CD)
18 titres – 73:21 min
- Société tu m’auras pas
- La chanson du loubard
- La bande à Lucien
- Ma gonzesse
- Les aventures de Gérard Lambert
- La teigne
- Hexagone
- Chanson pour Pierrot
- La tire à Dédé
- Les charognards
- Germaine
- L’auto stoppeuse
- It is not because you are
- Mimi l’ennui
- Marche à l’ombre
- Dans mon H.L.M.
- Pourquoi d’abord ?
- Baston !
Enregistré en mars 1980 à Bobino.
En 1980, après cinq ans de chanson, Renaud a déjà quatre albums à son actif. Pour la sortie de « Marche à l’ombre », il décide d’immortaliser une de ses prestations scéniques sur la tournée qui suit. C’est à Bobino (où il séjourne du 11 mars au 6 avril) qu’est donc enregistré cet album live, en mars 1980. Pendant la première partie du concert Renaud revisite des classiques de la chanson française (notamment des titres de Bruhant et Fréhel). Ces chansons sortiront en septembre 1980 sur l’album « Le p’tit bal du samedi soir ». Ce n’est qu’en deuxième partie de concert que l’artiste interprète ses propres titres, que l’on retrouve sur cet album. Et là aussi il s’agit en quelque sorte d’une relecture, comme pour les chansons du folklore parisien. En effet Renaud s’amuse à renouveler du tout au tout l’orchestration de ses morceaux.
Ainsi ce sont des versions country rock de « La bande à Lucien » et de « Dans mon H.L.M. » qui s’offrent à nous. De même « Société tu m’auras pas » et « Hexagone » sont beaucoup plus dures, plus teigneuses que sur album, prônant véritablement l’anarchie et la destruction de la société capitaliste.
Mention spéciale pour « Les aventures de Gérard Lambert », que Renaud annonce ainsi : « Tremblez bourgeois car voici la triste et lamentable histoire de Gérard Lambert, le Hell’s Angels maudit ». Puis les chœurs de western débarquent et Renaud s’écrit « Tatatin ! ». Un grand moment, toute la chanson est ponctuée des cris du chanteur, qui suit la musique de ses célèbres « Tatatin ! ».
Renaud pousse son accent des bas fonds parisiens à son paroxysme, en jouant comme d’un instrument. Le contact avec le public, remarquable de spontanéité, fait partie des points forts de cet album. Renaud laisse des blancs dans ses chansons lorsque le public applaudit à une déclaration particulièrement provocatrice (comme sur « Pourquoi d’abord ? »), afin de lui laisser le temps de s’exprimer. Les morceaux sont séparées par des interventions de l’artiste, qui plaisante, explique certains textes ou se vante de son chant !
Cet album permet de retrouver en version concert des titres que Renaud n’interprète plus maintenant, mais qui restent très agréables (« Pourquoi d’abord ? », « Les charognards » ou « La teigne »). Il forme un tout avec « Le p’tit bal du samedi soir », et ces deux albums réunis offre une vision fidèle de ce qu’était Renaud au début des années 80, alors qu’il n’avait pas encore atteint le sommet de sa carrière (médiatique notamment). Ce concert est un monument, plus qu’une curiosité historique, un véritable témoignage de tout le talent de ce grand compositeur populaire.